mardi, juillet 05, 2011

La police : cet « argent » de la paix (prise 2).



Il y a presque deux ans, je dénonçais la façon cavalière dont le politique faisait usage de ses forces policières pour remplir ses coffres dans les grandes villes québécoises. Je me citais en exemple pour démontrer à quel point les fameuses « trappes à ticket » étaient injustes et nuisaient grandement à la crédibilité de la police dans son ensemble.

Voilà que ce matin, dans le Journal de Montréal, le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, dénonce les mauvais choix du service de police en matière de circulation.

-Il plaint même les citoyens en y allant d'un « Pauvres citoyens...».

-Il y déplore l'absurdité de ces trappes et le gaspillages de ressources qui y sont allouées.

-Il voit un lien entre ces injustices instituées en système et le manque de respect grandissant de citoyens pour l'autorité policière.

Bien que je salue le courage et le bon sens de Monsieur Francoeur, il ne faut pas oublier que la première vraie brèche dans le système des « trappes contraventiogènes » a eu lieu l'hiver dernier. Il a fallu attendre l’acquittement d'un homme de 66 ans, Monsieur  Roger Labrecque, qu'on avait accusé d'avoir emprunté une voie réservée aux taxis et aux autobus le 19 janvier 2010, en fin d'après-midi, sur le Boulevard Crémazie. Il avait alors reçu une contravention de 154 dollars. Il avait fait partie d'un groupe d'automobilistes qui avaient été interceptés au même endroit. L'hiver dernier, en cour, Monsieur Labrecque a expliqué au Juge Philippe Clément - qui l'a écouté (!) - qu'en quittant une cour de restaurant, il n'y avait aucune affiche lui permettant de voir qu'il existait une voie réservée et qu'aucun automobiliste ne lui laissait le champ libre pour emprunter une autre voie. Les policiers l'attendaient à quelques pas de là.

En cour municipale, le juge Philippe Clément a reconnu qu'il s'agissait d'une «trappe effective» et il a acquitté M. Labrecque. Le 25 février 2011, le Service de police de Montréal (SPVM) décidait d'amener la cause en appel devant la Cour supérieure.

«Selon nous, le juge est allé trop loin dans l'interprétation du droit en prononçant cet acquittement (...) L'automobiliste n'a présenté, à notre avis, aucune défense valable en droit en prétendant être victime d'une trappe à tickets» - Ian Lafrenière, porte-parole du Service de police de Montréal (SPVM).

             Photo : Collection privée de la Miami University - Arbuckle Bros. Coffee Company

 Monsieur Labrecque n'a pas été dupe : «Si je n'avais pas parlé pour que le public sache que des trappes existent, mon jugement serait passé sous l'écran radar et je n'aurais pas eu besoin d'aller me défendre une fois de plus devant le tribunal». Du côté de la police on justifie cet appel en invoquant le « danger » de ce jugement qui les empêcherait de faire des interventions dans des zones scolaires. 

Mais ce n'est pas tout, au mois de janvier 2011, les autorités policières ont aussi reconnu l'existence des quotas de contraventions que doivent faire les policiers sur une base mensuelle. Une affirmation qui confirme l'utilité de ces fameuses trappes dans des lieux propices aux erreurs des automobilistes.

On peut donc conclure que cette prise de parole de Monsieur Francoeur est une victoire non seulement pour les automobilistes mais surtout pour les policiers qui méritent beaucoup mieux que l'appellation très contrôlée de « donneux de tickets ».